La question de l’infidélité est un sujet qui revient régulièrement dans les discussions, que ce soit avec mes lecteurs ou au sein de mon entourage. Avec l’essor des sites de rencontre infidèle, on pourrait penser que tromper son partenaire est devenu monnaie courante. Mais qu’en est-il vraiment ? Je me suis penché sur les derniers chiffres et études sur le sujet pour tenter d’y voir plus clair.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble important de rappeler qu’il n’existe pas de définition universelle de l’infidélité. Pour certains, cela se limite au fait d’avoir une relation sexuelle avec une personne autre que son conjoint. Pour d’autres, le simple fait de flirter ou d’échanger des messages à connotation sexuelle avec quelqu’un constitue déjà une forme de tromperie. Chaque couple a ses propres limites. Mais une chose est sûre : l’infidélité, qu’elle soit émotionnelle ou physique, est vécue dans la majorité des cas comme une véritable trahison par celui ou celle qui la subit.
Près d’un Français sur deux aurait déjà trompé son partenaire
Selon le dernier Observatoire européen de l’infidélité réalisé par Gleeden et l’institut YouGov, 42% des Français affirment avoir déjà été infidèles au cours de leur vie, soit légèrement plus que la moyenne européenne (40%). Les hommes sont un peu plus nombreux à déclarer avoir trompé leur partenaire que les femmes (46% contre 38%).
Ce chiffre peut paraître énorme, mais il faut le relativiser. D’une part, l’étude ne précise pas s’il s’agit d’incartades ponctuelles ou de véritables relations extra-conjugales. D’autre part, avouer une infidélité dans le cadre d’un sondage anonyme ne signifie pas pour autant que les personnes concernées assument leurs actes dans la vie réelle. Beaucoup gardent probablement ce secret pour eux…
Autre enseignement intéressant : les Français semblent être les plus disposés à avoir une aventure extra-conjugale parmi les Européens interrogés. Plus d’un quart des sondés (26%) déclarent qu’ils pourraient tromper leur partenaire si celui-ci n’était jamais au courant, contre seulement 13% des Espagnols par exemple.
Ce résultat montre que la tentation de l’infidélité est bien présente chez nous, même si on ne passe pas toujours à l’acte. Est-ce dû au mythe bien ancré du French lover ? À une certaine tolérance de la société française vis-à-vis des amants et des maîtresses ? Difficile à dire, mais le fait est que l’adultère reste profondément ancré dans notre culture, comme en témoignent les innombrables romans, films et séries qui traitent du sujet.
Un motif d’infidélité numéro 1 : l’attirance physique
Quand on demande aux Français quelles sont leurs principales motivations pour tromper leur partenaire, c’est l’attirance physique qui arrive en tête, citée par 41% des personnes interrogées. Viennent ensuite le désir de retrouver l’excitation des débuts (28%), l’insatisfaction sexuelle (21%) et la vengeance (12%).
À la lecture de ces chiffres, on comprend que les pulsions et le désir de séduire peuvent rapidement prendre le dessus sur la raison et la fidélité, surtout dans un contexte de routine conjugale. De nombreux « infidèles » déclarent avoir cédé à la tentation du moment, sans vraiment réfléchir aux conséquences. D’où l’importance pour les couples installés de continuer à se surprendre et à cultiver la passion pour éviter de voir leur partenaire aller voir ailleurs!
Bien sûr, les raisons de tromper ne sont pas uniquement d’ordre sexuel. Pour les femmes en particulier, le manque d’attention et de considération de leur partenaire joue un rôle déterminant (47%). Quand on ne se sent plus désiré ni reconnu par l’autre, la tentation peut être grande d’aller chercher cette valorisation auprès d’une autre personne.
Enfin, le besoin de se prouver qu’on peut toujours séduire (22%) et le goût pour l’interdit (20%) font aussi partie des motivations évoquées par les Français infidèles de l’étude. L’infidélité aurait donc aussi une dimension d’ego boost et de transgression excitante pour certains!
L’infidélité féminine en hausse
Un autre phénomène notable mis en lumière par l’Observatoire : l’infidélité féminine est en augmentation ces dernières années en France et en Europe. Même si les hommes restent plus nombreux à tromper, l’écart se resserre : 38% de Françaises disent avoir été infidèles en 2022, contre 32% il y a 10 ans.
Cette hausse n’est pas vraiment une surprise. Avec l’évolution des mentalités et des conditions de vie des femmes, celles-ci s’autorisent probablement davantage à vivre leur sexualité comme elles l’entendent, y compris en dehors du cadre du couple. L’accessibilité des sites de rencontres, y compris extra-conjugales, a sans doute aussi facilité le passage à l’acte pour certaines.
Dans certains pays comme le Royaume-Uni, le taux d’infidélité des femmes (41%) dépasse même désormais celui des hommes (39%)! Cette tendance suffit à elle seule à tordre le cou aux clichés sexistes sur l’homme volage et la femme fidèle par nature. En réalité, l’envie de découvrir de nouveaux partenaires n’a pas de genre… Selon la recherche, bien que les hommes ne soient généralement pas aussi attachés que les femmes à l’idée d’une fidélité à long terme, cela reste un idéal important pour ces dernières.
Vers une société moins monogame ?
Outre les différences de genre, l’étude révèle un phénomène générationnel fascinant : à mesure que l’on vieillit, on devient de moins en moins convaincu de la possibilité de rester fidèle à une seule personne toute sa vie. Seulement 22 % des individus français, belges et italiens partagent cette conviction, un pourcentage encore plus bas chez les personnes de plus de 55 ans, quel que soit leur pays d’origine.
On comprend que l’expérience de la vie de couple, avec ses hauts et ses bas, amène à relativiser la question de la fidélité au fil des années. Quand on connait les difficultés à faire durer une relation sur le long terme, on est peut-être moins à cheval sur le principe d’exclusivité sexuelle et amoureuse.
Est-ce à dire que notre société évolue doucement vers plus de tolérance envers les relations non-monogames ? C’est possible. L’essor de concepts comme le polyamour ou les couples « libres » montre en tout cas que les mentalités évoluent et que la norme du couple exclusif est remise en question par une part croissante de la population, surtout chez les jeunes générations.
D’après une autre étude datant de 2019, 29% des moins de 40 ans déclarent ne pas croire en l’exclusivité amoureuse et sexuelle au sein du couple. Et 38% affirment que le polyamour et l’échangisme constituent de bonnes alternatives à la monogamie.
Bien sûr, la majorité des couples continuent de fonctionner sur le modèle « traditionnel » de la fidélité réciproque. Mais force est de constater que ce modèle n’est plus un horizon indépassable pour tous, loin de là. À chacun de trouver l’équilibre qui lui convient, en accord avec son ou sa partenaire.